Il paraît que je suis sarcastique... Ca me ferait rire!
People tell me I'm sarcastic... hahaha!

samedi 28 juin 2008

Ô rage...

Confortable colère! Ma compagne, ma seule amie.
Toutes dents dehors, muscles à fleur de peau, regard assassin, boyaux en tension, je me mets en rogne, je tape du poing, je rugis, j'enrichis la conversation de vocabulaire délicat, j'incarne le Mal.

Si je suis en retard, que je perds mes clefs, que je casse un verre, rien de grave, la colère me cueillera et me poussera vers autre chose.
Si je trouve que les cons qui balisent mon chemin sont un peu trop nombreux; si tout doucement je m'affole, je stresse, rien de grave, la colère m'aidera à traverser cette mauvaise passe.
Si je me désole d'être incapable de faire confiance aux autres; si j'ai laissé à quelqu'un d'autre le pouvoir et la responsabilité de prendre des décisions pour ma vie, que ce soit pour un weekend, un an ou toujours; si je me réveille recroquevillée au milieu de mon grand lit en pleine nuit, rien de grave, la colère me prendra dans ses bras et me bercera.
Si je m'engage sur une voie peu commune; si je ne suis sûre de rien; si j'ai peur que ceux à qui je tiens avancent avec détermination et ne se retournent que de temps à autres pour jeter un regard compatissant sur mon immobilisme, rien de grave, la colère me tendra la main et m'attendra.
Si tu me fais mal, que tes paroles me blessent, que tu m'abandonnes, que tu ne me choisis pas, que tu me renvoies à ce qu'il y a de laid en moi, que tu me piétines, que tu réveilles mes souvenirs tristes, qu'après toi, je n'oserai plus jamais, rien de grave, la colère pansera mes plaies et soulagera mon coeur de sa charge.
Si tu comptes pour moi, si ton bonheur m'importe, si ta présence allume mon sourire, si tes larmes me déchirent, si tu as besoin de moi, rien de grave, ma colère endormira mon trop-plein d'affection et me rendra ma sobriété.

La colère comme une deuxième peau imperméable, j'irai furieuse vers tout et tout le monde, le coeur protégé, intact, inutile.

dimanche 15 juin 2008

Leaving-room

She had to, all of sudden; it was like one of these chocolate cravings, the obsession would only cease when yielded to.
A suitcase, the necessary clothes, one or two books waiting to be read, her laptop, her passport, her credit card.
She hopped on the first train. She left.

She wasn't going towards, she was going away from.
Of course she was going to meet new faces, listen to new lives, admire places she hadn't yet looked at, create new memories. Her memories were always of small things. The colour of a wall, a line from some conversation, the smell of a café.
Of course she was going to jump from one place to another, laugh at new situations, cry from new fears.
Of course she was going to give in to this form of permanent force, always forward, always towards something new, not yet seen, not yet experienced, not yet related to, something untouched.

But above all, she was going to be away.
No need to ask questions, no need to put into perspective, no need to probe the depths of her rifts, no need to face her incoherences.
She was going away from blandness, from responsibilities, from consequences.

She is leaving the tangible marks of who she is.
From now on, she will "do", and not "be". She will eat, drink, smoke, kiss, behold, smell, taste, smile, shiver, cough. Nobody will have the time to think "she's greedy, funny, sexy, sarcastic, hurt, frightened, jealous."

She's smiling. She's surprisingly quiet. Now she is the one who decides to love. She's not waiting any more. She has taken this train, but she has also taken her life by the hand. She is thumping her fist on her dusty nostalgia. She is leaving disappointment for impertinence. She will love just enough to feel her heart warm up, and then she'll leave again. She's going towards the egoistic happiness her soloist existence will giver her. She has chosen loneliness and its certainty over tomorrows and their panics.



She's shaking her head, and getting up from her couch. She's walking to the kitchen, to put the old kettle back on. Tea soothes her. Tomorrow, over lunch, she might treat herself to a new pair of shoes.

Départ

Ca lui est venu comme ça, comme une envie de chocolat, une obsession à court terme qui ne lâchera prise que quand elle sera assouvie.
Un sac de voyage, des fringues en vrac, un ou deux bouquins qui attendent d'être lus, son ordinateur portable, le passeport, la carte bancaire.
Elle a sauté dans le premier train. Elle s'est barrée.

Elle n'est pas partie vers, elle est partie de.
Alors oui, elle allait rencontrer des nouvelles têtes, écouter des vies inconnues, poser les yeux sur des endroits qu'elle ne connaissait pas, se fabriquer de nouveaux souvenirs. Ses souvenirs, c'étaient presque toujours des détails. La couleur d'une maison, une bribe de conversation, l'odeur d'un bar.
Oui elle allait passer d'un endroit à l'autre, rire de nouvelles situations, pleurer de nouvelles peurs.
Oui elle allait s'abandonner à cette forme d'énergie permanente, toujours vers l'avant, toujours vers du nouveau, du neuf, du pas-encore-vécu, du pas-en-rapport-avec-le-reste, de l'intact.


Mais surtout, elle allait être loin.
Pas besoin de se poser de questions, pas besoin de remettre en perspective, pas besoin d'explorer les tréfonds de ses fêlures, pas besoin de prendre à bras le corps ses incohérences. Elle est partie loin du monotone, des responsabilités, des conséquences.


Elle a quitté les marques visibles de ce qu'elle est. Maintenant elle va "faire", elle ne va plus "être". Elle va manger, boire, fumer, embrasser, regarder, sentir, goûter, sourire, trembler, tousser. Toujours en mouvement, personne ne pourra se dire "elle est gourmande, amusante, désirable, ironique, blessée, apeurée, jalouse."


Elle sourit. Elle est étonnamment calme. Dorénavant, c'est elle qui décide d'aimer. Elle n'attend plus. Elle a pris ce train, mais elle a surtout pris sa vie par la main. Elle tape du poing sur sa mélancolie poussiéreuse. Elle quitte la déception pour l'insolence. Elle aimera juste ce qu'il faudra pour qu'elle sente son coeur se réchauffer, et puis elle repartira. Elle va vers le bonheur égoïste que lui apportera son existence à une voix. Elle comblera ses manques par de nouveaux tableaux. Elle a choisi la certitude d'être toujours seule à l'angoisse du devenir.




Elle secoue la tête, se lève de son canapé, retourne à la cuisine pour remettre sa vieille bouilloire sur le feu. Le thé la rassure. Demain pendant la pause déjeuner, elle s'offrira peut-être une nouvelle paire de chaussures.