Ca lui est venu comme ça, comme une envie de chocolat, une obsession à court terme qui ne lâchera prise que quand elle sera assouvie.
Un sac de voyage, des fringues en vrac, un ou deux bouquins qui attendent d'être lus, son ordinateur portable, le passeport, la carte bancaire.
Elle a sauté dans le premier train. Elle s'est barrée.
Elle n'est pas partie vers, elle est partie de.
Alors oui, elle allait rencontrer des nouvelles têtes, écouter des vies inconnues, poser les yeux sur des endroits qu'elle ne connaissait pas, se fabriquer de nouveaux souvenirs. Ses souvenirs, c'étaient presque toujours des détails. La couleur d'une maison, une bribe de conversation, l'odeur d'un bar.
Oui elle allait passer d'un endroit à l'autre, rire de nouvelles situations, pleurer de nouvelles peurs.
Oui elle allait s'abandonner à cette forme d'énergie permanente, toujours vers l'avant, toujours vers du nouveau, du neuf, du pas-encore-vécu, du pas-en-rapport-avec-le-reste, de l'intact.
Mais surtout, elle allait être loin.
Pas besoin de se poser de questions, pas besoin de remettre en perspective, pas besoin d'explorer les tréfonds de ses fêlures, pas besoin de prendre à bras le corps ses incohérences. Elle est partie loin du monotone, des responsabilités, des conséquences.
Elle a quitté les marques visibles de ce qu'elle est. Maintenant elle va "faire", elle ne va plus "être". Elle va manger, boire, fumer, embrasser, regarder, sentir, goûter, sourire, trembler, tousser. Toujours en mouvement, personne ne pourra se dire "elle est gourmande, amusante, désirable, ironique, blessée, apeurée, jalouse."
Elle sourit. Elle est étonnamment calme. Dorénavant, c'est elle qui décide d'aimer. Elle n'attend plus. Elle a pris ce train, mais elle a surtout pris sa vie par la main. Elle tape du poing sur sa mélancolie poussiéreuse. Elle quitte la déception pour l'insolence. Elle aimera juste ce qu'il faudra pour qu'elle sente son coeur se réchauffer, et puis elle repartira. Elle va vers le bonheur égoïste que lui apportera son existence à une voix. Elle comblera ses manques par de nouveaux tableaux. Elle a choisi la certitude d'être toujours seule à l'angoisse du devenir.
Elle secoue la tête, se lève de son canapé, retourne à la cuisine pour remettre sa vieille bouilloire sur le feu. Le thé la rassure. Demain pendant la pause déjeuner, elle s'offrira peut-être une nouvelle paire de chaussures.
Un sac de voyage, des fringues en vrac, un ou deux bouquins qui attendent d'être lus, son ordinateur portable, le passeport, la carte bancaire.
Elle a sauté dans le premier train. Elle s'est barrée.
Elle n'est pas partie vers, elle est partie de.
Alors oui, elle allait rencontrer des nouvelles têtes, écouter des vies inconnues, poser les yeux sur des endroits qu'elle ne connaissait pas, se fabriquer de nouveaux souvenirs. Ses souvenirs, c'étaient presque toujours des détails. La couleur d'une maison, une bribe de conversation, l'odeur d'un bar.
Oui elle allait passer d'un endroit à l'autre, rire de nouvelles situations, pleurer de nouvelles peurs.
Oui elle allait s'abandonner à cette forme d'énergie permanente, toujours vers l'avant, toujours vers du nouveau, du neuf, du pas-encore-vécu, du pas-en-rapport-avec-le-reste, de l'intact.
Mais surtout, elle allait être loin.
Pas besoin de se poser de questions, pas besoin de remettre en perspective, pas besoin d'explorer les tréfonds de ses fêlures, pas besoin de prendre à bras le corps ses incohérences. Elle est partie loin du monotone, des responsabilités, des conséquences.
Elle a quitté les marques visibles de ce qu'elle est. Maintenant elle va "faire", elle ne va plus "être". Elle va manger, boire, fumer, embrasser, regarder, sentir, goûter, sourire, trembler, tousser. Toujours en mouvement, personne ne pourra se dire "elle est gourmande, amusante, désirable, ironique, blessée, apeurée, jalouse."
Elle sourit. Elle est étonnamment calme. Dorénavant, c'est elle qui décide d'aimer. Elle n'attend plus. Elle a pris ce train, mais elle a surtout pris sa vie par la main. Elle tape du poing sur sa mélancolie poussiéreuse. Elle quitte la déception pour l'insolence. Elle aimera juste ce qu'il faudra pour qu'elle sente son coeur se réchauffer, et puis elle repartira. Elle va vers le bonheur égoïste que lui apportera son existence à une voix. Elle comblera ses manques par de nouveaux tableaux. Elle a choisi la certitude d'être toujours seule à l'angoisse du devenir.
Elle secoue la tête, se lève de son canapé, retourne à la cuisine pour remettre sa vieille bouilloire sur le feu. Le thé la rassure. Demain pendant la pause déjeuner, elle s'offrira peut-être une nouvelle paire de chaussures.
4 commentaires:
J'aime la chute.
*^_^*
... maigre consolation...
^_
Certes...
Il ne comprend rien
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